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De Vergnegtte au premier plan et son collègue de Lapeyrière, à Agen
Ce président de la Chambre d’agriculture du Tarn et Garonne ne craint pas la pluri-activité pour parler en termes agricoles. Comme chacun sait, tous les 6 ans les membres de la Chambre d'Agriculture sont élus au suffrage universel par l'ensemble du monde agricole et c’est là que ce jeune paysan aux mains blanches a fait ses classes.
Déjà en 2005 je le trouve, devinez où ?, au débat public sur la création de la LGV Bordeaux-Toulouse. A ce moment là il témoigne avec à ses côtés Bernard Pouligny directeur de la Safer Garonne-Périgord pour dire : « Les localités devront souffrir le moins possible du projet, directement ou indirectement ». "Il faudra s’occuper des zones cultivées traversées, de la remise en état des réseaux hydrauliques, du remembrement des parcelles". Est-ce la poigne de ce maître de la maison agricole locale qui explique le peu d’intérêt du mouvement syndical paysan du 82 pour ce dossier de LGV ? Toujours est-il, logique avec lui-même, à l’assemblée générale de la SAFER Garonne-Périgord en juin 2010 à Agen, il en remet une couche en faveur des aménagements de la LGV.
C’est là sa deuxième casquette et non des moindres : président da la SAFER Garonne-Périgord qui regroupe trois départements : Tarn et Garonne, Lot et Garonne, Dordogne (j’écris Dordogne quand la noblesse préfère Périgord).
D’où cet article de La Dépêche du Midi au moment de cette assemblée générale :
« La SAFER-SOGAP et la chambre d'agriculture main dans la main, c'est une première, pour défendre les intérêts des exploitants agricoles concernés par le tracé de la ligne à grande vitesse. Un kilomètre de large, et 500 mètres de part et d'autre. C'est le périmètre d'études choisi par Réseau Ferré de France l'an dernier, et validé par l'ex-ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo en octobre dernier à Bordeaux. Dans ce fuseau entrant à Saint-Martin-de-Cureton et sortant à Saint-Sixte, des maisons d'habitations (*), des terres agricoles exploitées aussi. Sur cette base de réflexion, la chambre d'agriculture de Lot-et-Garonne a fait ses comptes. 800 hectares sont à ce jour concernés et cette superficie doit être réduite quand, à la fin 2011, la bande définitif des 500 mètres sera rendue publique par RFF. 300 agriculteurs ont été approchés par les techniciens de la chambre d'agriculture, elle-même contactée au courant du premier trimestre 2010 par Réseau Ferré de France. « Nous n'entrons pas dans la polémique » prévient Michel de Lapeyrière. « Mais notre rôle est de défendre au mieux les intérêts des agriculteurs dans ce dossier. » L'année prochaine, un « diagnostic plus ciblé » sera effectué « sur chaque exploitation concernée par le tracé. »
Si la chambre d'agriculture connaît bien par définition la terre d'ici, un autre organisme est en charge des acquisitions de foncier dans le département, la Safer (Dordogne, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne). Hier, Philippe de Vergnette et Michel de Lapeyrière ont signé un partenariat visant à permettre aux agriculteurs qui le souhaitent et qui sont concernés d'utiliser ce service double, payant pour une part. Il est d'ailleurs valable pour d'autres projets liés au transport ou à l'urbanisme, comme la future zone d'activités économiques de Sainte-Colombe-en- Brulhois, près d'Agen. Deux exploitants ont déjà indiqué qu'ils souhaitaient maintenir leur outil de travail, ailleurs.
La LGV passera, dit aussi en résumé le président de la Safer Philippe de Vergnette. « En France, ce sont souvent les meilleures terres qui sont attaquées. Et la vallée de la Garonne n'existera plus à ce titre. Ce projet est prévu d'avance à un moindre coût. » RFF a déjà demandé à la Safer les références de prix des dernières années, et les responsables de cet organisme ont, disent-ils, pris les devants en procédant à un « stockage » de foncier dans les zones concernées. « Dans le schéma d'organisation de l'Agenais (SCOT, N.D.L.R.), la loi fait obligation de connaître l'impact des projets aussi lourds que celui-ci sur l'agriculture. »
Conscient des tristes conséquences de la LGV, Philippe de Vergnette, en la défendant, est deux fois coupable : en tant que responsable et en tant que citoyen et son homologue de la chambre d’agriculture du 47, tout aussi noble que lui, peut dire qu’il ne cherche pas la polémique…
Le directeur et rédacteur en chef de l’Action agricole se fait donc journaliste dans ce journal que la Chambre d’Agriculture envoie gratuitement à tous les agriculteurs du Tarn et Garonne. Je reviendrais plus en détail sur le contenu du message qu’il y distille chaque mois. Il est arrivé à un rédacteur en chef de cette publication de faire carrière en politique pour le radicalisme local à une époque où la fonction de directeur –l’inévitable président de la chambre d’agriculture- et celle de rédacteur en chef étaient séparées.
Une grande famille que les Vergnette de Lamothe dont le petit Philippe se voit à présent chargé d’une nouvelle casquette, celle de candidat UMP. Poussé par Brigitte Barèges il sait parfaitement que son double langage, défense des agriculteurs et défense de Sarkozy va le conduire à l’échec. Comme je l’ai démontré dans un autre article, l’élection de 2012 n’est pour la droite qu’une préparation des élections de 2014 et 2017. L’échec annoncé de 2012 est là pour préparer la relève, quand la gauche aura échoué. Et en 2014, les municipales sur Castelsarrasin, pour prendre la succession de Bernard Dagen, seront au couteau avec Sylvia Pinel.
Voici la première déclaration politique de Philippe de Vergnette, le communiqué qu’il publie au moment de la visite en Tarn et Garonne de Sarkozy, le 15 mars 2011, au nom de la Chambre d’agriculture :
« Au moment où partout dans le monde on reconnaît le besoin d'augmenter la production agricole, et donc d'irriguer plus, la réforme que l'administration veut imposer limite en effet par avance et de façon arbitraire les volumes prélevables. Cette mesure apparait dictée par des considérations plus dogmatiques que scientifiques : il s'agit en effet d'une absurdité technique, incompréhensible et inapplicable sur le terrain partout où il n'y a pas de réserves de soutien. Les débits des rivières ne sont pas prévisibles, rien ne permet donc d'organiser à l'avance des prélèvements en volume.
Le quota théorique attribué ne correspond à aucune réalité malgré l'avalanche de chiffres approximatifs que nous subissons depuis deux ans. L'objectif du ministère de l’Écologie de "réduire les situations de crise" est donc un leurre; au contraire ces situations se reproduiront davantage si les seuils de débit à respecter devaient être également relevés comme il est annoncé.
Lors de sa visite le 15 mars 2011 dans le Tarn et Garonne, le président de la République a déclaré : « qu'il y a une application notamment dans le bassin Adour Garonne qui ne va pas. Est-ce que vous pouvez profiter de la visite du président de la République et du ministre de l’Agriculture pour revoir cela ? La réponse est oui ! »... « Alors ce que je vous propose : le Premier ministre avait déjà donné instruction que l’on puisse libéraliser tout cela. Le préfet va prendre votre dossier Adour Garonne et Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet vont trouver, je vous promets, une adaptation pour le bassin. Je le règlerai, c’est un engagement que je prends »
On peut répondre que si la loi sur l'eau de 2006 est bien admise dans ses principes, celle-ci ne prévoyant pas une gestion généralisée par les volumes, l'application du décret ne devrait être possible que là où de nouvelles réserves structurantes seront mises en place, et dans l'attente, la gestion actuelle par les débits permettra de continuer à gérer au mieux les périodes d'étiage.
Depuis des milliers d'années c'est autour de l'eau et de l'irrigation que se sont développées les premières civilisations. Le Nil, le Jourdain, le Pô, le Tigre et l'Euphrate et tant d'autres ont permis la création d’États structurés, le développement de l'artisanat et de l'art , bref l'émergence de sociétés civilisées. L'eau est abondante, son usage est indispensable à la production de denrées alimentaires, indispensable à l'économie de la France, au nom de quelle idéologie devrions nous rentrer dans la voie de la décivilisation. »
Voyez le tour de passe-passe ? Il y a une loi mais MOI SARKOZY, je peux vous arranger ça...
Autant dire que cet appel au développement de l’irrigation va dans le sens du combat du président de l’association Adour-Garonne qui n’est autre que… Jean-Michel Baylet.
Bref, de la LGV aux futurs barrages, les débats politiques vont devoir se clarifier. Et le feuilleton De Vergnette ne fait que commencer sur ce blog. 4-03-2012 Jean-Paul Damaggio