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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 12:38

En 1961 au club français du livre Georges Tersen a proposé une biographie de Bolivar qui, fait exceptionnel a été présentée dans la revue la Pensée n°106 de décembre 1962, grâce à un compte-rendu de Jean Dautry. Je dis fait exceptionnel car à ma connaissance, le marxisme français s’est très peu penché sur le cas de Bolivar et encore moins sur le texte de Marx à ce sujet.

 Ce livre de Tersen me semble très utile, en particulier la dernière partie qui tente un bilan.

« Ne pensant pas à modifier la structure sociale de son pays, malgré son intense patriotisme, Bolivar ne s’intéresse guère à l’économie, même sur le plan national. On pourrait lui faire grief de ce fait puisque c’est en quelque sorte lui qui fit de l’Amérique équinoxiale un fief économique anglo-saxon pendant la période immédiatement postérieure.»

Et ce désintérêt pour l’économie s’explique clairement :

« Homme du XVIIIe siècle, il l’est par bien des points. Tout d’abord c’est un notable et qui plus est un notable colonial. A cette date plus qu’à tout autre, la naissance marque l’individu pour tel ou tel avenir, puisque tout est question de castes. Malgré tous ses efforts, Bolivar restera toute sa vie ce qu’il était en naissant : un très riche créole propriétaire de vastes domaines et de nombreux esclaves. »

 Marx ne pouvait découvrir dans le personnage, que les vestiges de ces aristocrates d’autrefois surtout Espagnols (que le Quichotte n’a pas effacé… au contraire) et pour qui le travail était déchoir et la fortune telle, que l’argent n’avait aucun intérêt. Bolivar n’a jamais travaillé et n’a jamais eu aucun souci d’argent même si finalement il a tout donné à la révolution.

 Tersen pointe le second caractère de Bolivar : « Notre Bolivar classique est aussi un romantique. » et il y voit une contradiction.

Pour moi le romantisme n’est que la contestation de droite du capitalisme, une façon de digérer la révolution dans le monde de la petite bourgeoisie, le romantisme c’est le refuge des nostalgiques des grandeurs aristocrates qu’ils ne célèbrent qu’en tant que « grandeur », et non plus en tant que classe sociale dominante. Sans oublier la grandeur de l’aristocratie ouvrière… les compagnons du Tour de France.

Les romantiques vont cracher sur l’argent pour dénoncer l’infâme montée du capitalisme qui est ainsi condamné non pour ce qu’il est (une révolution) mais pour ce qu’il détruit.

Politiquement Bolivar est un jacobin mais ses projets de constitution ne seront que lettres mortes quand en France ils bouleversent les structures politiques. Et j’ose écrire que cette tradition est pour une bonne part restée aux Amériques d’autant qu’en Europe les constitutions elles-mêmes, sont souvent devenues de phrases creuses.

 Bref, le livre de Tersen nous renvoie vers un Bolivar qui reste peu connu et Jean Dautry dans le compte-rendu de La Pensée insistera sur le fait que les conditions sociales de son pays ayant fait l’objet de peu d’études, il est d’autant plus difficile de capter la place de cet homme sauf à tomber dans l’idée que l’homme est au dessus des conditions sociales qui le portent. Jean Dautry commence ainsi son compte-rendu :

« Il est encore difficile d'écrire sur Bolívar autre chose qu'un roman héroïque. La société coloniale hispano-américaine, dans le sein de laquelle naquit le 24 juillet 1783 le bébé créole « Simónetto », n'a pas été assez étudiée en profondeur par les érudits pour qu'il soit possible de replacer dans son vrai cadre une existence qui contribua plus qu'aucune autre à briser ce cadre. »

Pour conclure j’indique qu’aujourd’hui le Venezuela se prépare à voter pour remplacer Chavez. Le comité de campagne de l’opposant Capriles s’appelle…. Simon Bolivar.

Jean-Paul Damaggio

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