Pour ma dixième réunion sur la LGV je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ce nouveau compte-rendu. Toutes sont différentes même si toutes sont sur le même sujet. Pour la première fois ce sont deux maires qui décident d’informer leurs administrés avec des documents clairs, très bien présentés, un fuseau dessiné sur une photo aérienne, et même les interventions de la salle résumées par écrit sur le grand écran. Je découvre d’ailleurs cette belle salle de cinéma archi pleine. Si les réunions sont différentes il y a cependant cette constante : la foule est au rendez-vous. J’avoue qu’à présent je connais beaucoup mieux l’articulation de la zone logistique départementale, la gare, le « passage à l’ouest de l’autoroute » etc…
Le maire de Labastide Saint-Pierre a ouvert la soirée en rappelant qu’à présent ils pouvaient faire une présentation sérieuse après plusieurs propositions inacceptables de RFF. Puis il ajoute que « la LGV, on ne peut être contre ». Pas très engageant ensuite pour, dans le débat, dire : « je suis contre », mais c’est le discours habituel. Son argument phare c’est la concurrence que le rail peut faire à l’avion. Entre la zone A et la zone B du département (marqué par le passage de la Garonne) il y a une différence de plus : le projet d’aéroport a été empêché en zone A alors qu’en zone B il a été largement négligé. Le nouvel aéroport ayant été enterré, il faudrait accepter celui de la LGV si on veut être cohérent (je reviendrais sur ce point dans un article spécial.
Que peut dire la salle ?
Je demande aussitôt la parole pour en quelques mots rappeler qu’on peut être contre la LGV. Depuis 2005 le monde économique a changé et à rouler un peu moins vite les lignes existantes sont toujours là. Il y aura quelques applaudissements qui viendront surtout du fond de la salle (ce seront les seuls).
Du fuseau au tracé ?
Les présents pensaient qu’on en était déjà au stade du tracé or la méthode veut qu’on puisse décider du fuseau d’abord, ce fuseau étant le seul qui n’ait pas été fixé grâce à J-M Baylet dira un conseiller général dans la salle. J’avais rappelé que je venais d’une réunion à la sous-préfecture où un fuseau présenté comme décidé était largement déplacé. La victoire des élus et des associations s’inscrit dans les fuseaux de RFF mais réduit largement la marge : ainsi beaucoup de maisons sont sauvées et quelques unes seront perdues. Les sinistrés savent donc qu’à présent ils sont en minorité. Une seule personne dira : « mais est-ce certain que le passage à l’est de l’autoroute est plus nocif ? »
Du tracé à la ligne ?
Après le fuseau de 1000 m RFF va proposer un tracé avec 250 m de marge de chaque côté pour se donner une possibilité d’ajustement. Le responsable de l’association de Campsas « Cadre de vie » a très justement rappelé que les 100 m utilisés pour la ligne seraient largement dépassés à cause des nécessités de l’énorme chantier. « L’aire d’autoroute sera-t-elle détruite si la LGV suit l’autoroute ? » A cette question comme à bien d’autres la réponse ne pouvait être qu’invariable : « si le tracé était fixé sur l’aire d’autoroute alors on connaîtrait la suite ! »
De la ligne à la gare ?
Pour ceux qui en douteraient encore, la réunion a clairement rappelé le lieu de la gare, à Bressols au croisement de la voie ferrée actuelle et de la LGV. Et il a été clairement rappelé à ceux qui en doutent encore que le lieu de la gare conditionne le tracé sur Campas, Labastide Saint-Pierre, Bressols, Lacourt Saint Pierre, et Montbeton. Une personne demanda s’il n’y avait pas eu un autre lieu prévu pour la gare ? Pour la première fois nous avons quitté le domaine de la clarté : personne n’a souhaité mentionner la gare prévue sur le lieu de la base logistique par le Conseil général. On est revenu à la décision de 2005, une gare au sud de Montauban qui aurait pu être à l’interconnexion avec la voie ferrée (sous-entendu sur la zone logistique), terme remplacé par intersection (zone de Bressols). La maire de Campsas indique que le maire de Bressols n’a peut-être pas prévu tous les désagréments que sa gare va lui susciter car elle est en zone d’habitat. D’autant que cette gare a été présentée avec beaucoup d’enthousiasme par le maire de Labastide Saint-Pierre. On y viendra prendre le train d’Albi, de Cahors, de Bessières cependant quand on lui posera la question : « combien de trains, combien d’arrêts ? » il répondra seulement : « 40 trains, 20 dans un sens, 20 dans l’autre ».Et le nombre d’arrêts, ai-je insisté, sera de huit ? L’autre présentateur (dont je n’ai pas noté la fonction) ajouta ce qui est rarement expliqué, comment la gare va fonctionner : « avec la voie de dérivation pour permettre aux trains qui ne s’arrêtent pas de passer à 300 km/h » Qui plus est, comme la gare sera après son passage au-dessus de la voie ferrée actuelle, elle sera peut-être en hauteur. Merci pour les nuisances. Est-ce à dire cependant que les TER vont pouvoir s’y arrêter dans le cadre d’un autre bâtiment de gare ?
Un monsieur dans la salle indique qu’il a été à la réunion de Bressols où le maire a indiqué que la LGV passerait au-dessus de l’autoroute à la hauteur de l’actuelle station d’essence. Il s’étonne des discours différents. On lui répond que personne ne peut être aussi précis. Je fais remarquer en passant à ce monsieur qu’il aura pu vérifier que contrairement à Bressols, il n’y a eu aucune polémique à Labastide Saint Pierre entre ceux qui disent non au tracé et ceux qui disent non à la LGV, l’échange d’arguments a été respectueux, personne n’ayant tenté de ridiculiser l’action des opposants à la LGV.
Et la zone logistique ?
La LGV va prendre environ 10 hectares de la zone logistique de 400 hectares et à une question, le conseil général Parienté responsable du syndicat qui suit le dossier indique que le décret de DUP va être pris dans les jours qui viennent. La question était judicieuse : faudra-t-il attendre la décision du tracé pour avoir cette DUP ?
Conclusion
Une dame indiqua que de toute façon nous le savons, l’Etat fait ce qu’il veut. J’ai ajouté alors deux éléments. Une question pratique : personne n’évoque un seule instant les premières victimes actuelles de la LGV, ceux qui doivent vendre leur bien et qui perdent environ 30% de leur valeur. Une question politique : « Si Malvy cesse de financer, la LGV ne se fera pas. »
La maire de Campsas indiquera alors en conclusion que l’action doit continuer pour un meilleur tracé possible d’une ligne dont cependant on se demande qui financera ce qui fait qu’elle peut être retardée ou peut-être enterrée. La question des finances que j’avais bien sûr évoquée, a été largement mentionnée pour les aménagements routiers autour de la gare (et on n’a pas parlé de l’échangeur de Montech). Là aussi, qui financera, personne ne le sait ai-je entendu. Or tout le monde sait très bien que ce sera le Conseil général. A Agen les autorités pensaient qu’en acceptant une gare de l’autre côté de la Garonne, ils obtiendraient de l’Etat une aide financière pour un nouveau pont. L’Etat a été clair : il ne paiera pas !
JPD 12-05-2010