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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 22:06

Je découvre cet article qui est la reprise d'un article qui a suivi la mort de l'écrivain. Très important pour comprendre à la fois la vie de Manolo et le fait qu'il soit poussé vers l'oubli. Jean-Paul Damaggio

  

Cuando Manolo (Vázquez Montalbán) era Felipe (*)

por J.A. González Casanova, Martes, 17 de Septiembre de 2013

 Par intelligence, Vázquez Montalbán était lucide et sceptique ; par sentiment, généreux, prolifique et combatif. Sa secrète anxiété dépressive est née de l'effort d'unir ce que Gramsci appelle le pessimisme de la raison et l'optimisme de la volonté. En ces tristes jours on a rappelé sa fidélité obstinée aux idéaux politiques de sa jeunesse. Etre fidèle à quelque chose c'est assumer sa mémoire, ce qui est l'identité, avec pour son corps le sentiment. Manolo donc, à penser cordialement et sentir avec l'intellect, a créé une œuvre littéraire autobiographique qui était sa vie (plurielle et solidaire), une chronique inséparable de la mémoire historique collective de ses habitants et de leur temps. Parce que, pour lui, le mot était sa façon de perpétuer les sentiments et de combattre l'obscénité réactionnaire de la mort.

 L'origine de son militantisme révolutionnaire anti-capitaliste et contre le régime de Franco, il l'a vécu directement un jour de 1959 quand, avec le docteur Joan Massana, nous avons proposé à quatre étudiants de lettres, et entre autres à Manolo, qui appartenaient à la NEU (Nouvelle-Gauche Universitaire), groupe lié à Felipe, humoristiquement appelé le Front de libération du peuple (FLP), composée de jeunes marxistes et chrétiens, unis dans un rêve activiste de révolution socialiste démocratique et fédéraliste. Manolo est resté avec nous près de trois ans jusqu'à ce que la raison de «l'efficacité» le conduise au PCE-PSUC, mais de ce temps-là, quand, selon lui, "j'ai eu le sentiment que le monde avait tort", il a conservé indélébile dans sa mémoire, le sentiment pur et le sens de sa vie future, et il en témoigne dans ses jugements postérieurs sur le Felipe : "C'était un mouvement moral, politique et esthétique» et «une synthèse radicale du marxisme et du libéralisme existentiel"; " un échantillon de volontarisme révolutionnaire avec lucidité critique" ; "ce n'était pas un parti, mais un musée de l'homme complet ":" Si on nous avait laissé faire nous aurions réalisé une révolution qui aurait enchanté le monde". Dans un article publié dans El Pais, Tels que nous étions, le protagoniste est un vieux felipe juste après la transition démocratique, gouverneur civil socialiste, comme d'autres travaillent dans le bureau ou dans diverses entreprises olympiques. Nostalgie de la révolution frustrée de «l'organisation réconfortante» qui était telle qui même Carvalho fut «un temps membre du FLP". Mais la raison s'impose au cœur, et on accepte avec ironie de gouverner dans le cadre du système sans trahir la cause révolutionnaire en continuant obstinément de lutter de l'intérieur, avec un marxisme, qui ne soit pas une habitude mentale, mais «la lutte dialectique permanente contre la cruauté et l'horreur " ; comme un guérillero, il n'aura pas de répit. C'est ainsi que les historiens décrivent les exploits de Juan Martin, le guérillero de la guerre d'indépendance espagnole. C'est l'entêtement et l'agilité du franc-tireur qui a toujours été notre héros contemporain, et qui a fait le pseudonyme si célèbre : Manolo V l'Empecinado.

 Du premier FLP catalan, Manolo a conservé deux figures humaines, converties en emblèmes respectifs de cette dualité pénible qui l'accompagna jusqu'à la fin : sentiment et raison ; radicalisme et possibilisme révolutionnaire. Je me réfère à Carlos Alfonso Comin et Pasqual Maragall. De Alfonso («l'animal le plus crédible que j'ai connu», a-t-il dit) il a valorisé quelque chose qui a toujours défini le FLP et que Comín a apporté au PSUC : la coexistence entre chrétiens et marxistes, comprise comme «l'essence révolutionnaire d'un projet historique commun pour les deux forces spirituelles qui ont changé le monde ». Le cominismo serait pour Manolo "la variante espagnole d'une synthèse possible des deux culture de l'émancipation." Quand, il y a un an, j'ai inauguré un congrès de théologiens subversifs sur la mondialisation et la lutte des classes, on s'est demandé sèchement pourquoi il était là, un athée comme lui. Sans doute pour honorer la mémoire de ceux qui partageaient sa foi en l'homme et son espoir révolutionnaire et qui a dit: «C'était un homme chanceux qui a réuni l'espérance marxiste et chrétienne». Chanceux parce que Manolo croyait seulement, face à la mort, dans l'éternité de la parole, mais il doutait qu'elle la compense et il pensait que le plus révolutionnaire était d'en finir avec elle.

 Maragall a mis à l'épreuve le Manolo qui se débattait entre un jugement en tant que maire de sa ville bien-aimée, et la critique d'un ancien FOC possibiliste (exemple de raison pragmatique et d'idéologie éclectique),entre la reconnaissance affectueuse de sa loyauté envers le sentiment frontiste (unité populaire de la gauche) et son désir sincère de réaliser dans la vie l'utopie socialiste. Il a consacré un article publié dans le journal Avui le jour de sa mort à Bangkok, en rappelant son appartenance passée au NEU, au FOC et à l' «obstinée reconstruction de la raison démocratique". Rappelant ses désaccords avec la politique urbaine de Maragall, il semblait que Manolo envoyait une promesse de vote sentimental par la poste en indiquant qu'il était "le seul candidat qui peut conduire un véritable projet national alternatif, soutenu par le chœur des forces progressistes catalanes ". En rappelant le sentiment de jeunesse qui l'a conduit, comme Pasqual, à Felipe, il a conclu par ces mots: «Si Maragall devient président ça sera comme si toute une génération avez obtenu une promotion qui, en plein âge de l'innocence, a découvert que le monde n'était pas bien fait. " A la fin de son âge mur, Manuel Vazquez Montalban reprit la formule de Gramsci. Il a souffert du pessimisme de la volonté («Je sens que tout s'aggrave",m'a-t-il déclaré il ya quelques mois), mais il compensait pour l'optimisme de la raison qu'il partageait à travers sa jeune espérance transformatrice de ses premier compagnons en politiques révolutionnaires. Mais son cœur était à la recherche du confort littéraire des Mers du Sud.

 (*) Le prochain mois d'Octobre c'est le dixième anniversaire de la mort de Manolo Vázquez Montalbán. L'anniversaire est devenu une bonne excuse pour diverses conférences universitaires et pour une organisation plus modeste par la Fundació Andreu Nin (19-26-09-2013, dans la bibliothèque Andreu Nin dans le quartier gothique de Barcelone), avec la participation de Arnal Ballester, l'ami de Manolo qui connaît son travail, de Pepe Gutiérrez Alvarez, qui évoquera sa carrière en tant que militant communiste, et de Mike Eaude, auteur d'un essai sur Vázquez Montalbán et Barcelone, qui présentera Pepe Carvalho. Il est bon de noter que Manolo a été un partenaire de la FAN et a offert de travailler avec chaque fois qu'on le lui a demandé. Il est également l'auteur d'un roman de tendance POUM Le pianiste qui est un texte important : L'ombre de Andreu Nin y est présente. Parmi beaucoup d'autres choses comme poète ou animateur de quelques unes des meilleurs magazines satiriques de la fin du franquisme, Vazquez Montalban était le plus connu et le plus persistant des intellectuels qui ont combattu dans le PCE-PSUC. Son «travail communiste» comprend romans (Assassineat au Comité Central), oeuvres de toutes sortes (Manifeste de la planète des singes), articles et de témoignages. Avec un pied à l'intérieur et un à l'extérieur, Manolo était en même temps un fidèle et un dissident communiste. Mais Manolo était également Felipe, plus précisément le FOC, Front Obrer de Catalunya, chapitre pour lequel le juge Gonzalez Casanova a consacré cet article publié le 22-10-03, peu de temps après sa mort.

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