ouvrière sortant de l'usine (détail de carte postale)
L'Express du Midiétait un quotidien très à droite, lié à un quotidien local, le Ralliement. Voici quelques échos du début de la grève avec surtout la reprise le 27 juillet d'un texte des grévistes et la réponse du journal. Ce journal comme La Dépêche a soutenu les grévistes à condition qu'ils ne fassent pas de "politique", s'en tenant seulement aux question sociales. Dans le cas contraire la presse s'est montré neutre en tentant d'aider la négociation. JPD
L'Express du Midi, 30 mai 1914
De notre correspondant particulier, Castelsarrasin 30 mai
La situation est toujours stationnaire ; l'usine est gardée. Les ouvriers se rendent trois fois par jour au comité, mais les manifestations ont cessé. Les gendarmes se relèvent et font des patrouilles.
Castelsarrasin 30 mai
La Compagnie française des métaux offre 25 centimes d'augmentation et maintient la prime de 75 francs aux hommes. Elle s'engage à ne pas embaucher de femmes au-dessous de 1 fr. 75. Les ouvriers syndiqués refusent la proposition et demandent l'abolition de la prime et 25 centimes en plus. La grève continue.
L'Express du Midi 8 juin
7 juin, En réponse à l'affiche de la Compagnie des métaux, le Syndicat a apposé hier samedi une affiche où il repousse les propositions de la Compagnie et par conséquent il est à craindre que demain lundi les rentrées seront peu nombreuses et que, peut-être, l'usine sera obligée de fermer ses portes pour quelques temps au moins.
Tous les jours des réunions continuent à se tenir au théâtre où les délégués de la CGT excitent les ouvriers à résister au patronat. Le service d'ordre est toujours assuré à l'usine par la gendarmerie et, demain, il sera très probablement renforcé par crainte d'éventualités de désordres possibles.
L'Express du Midi 12 juin
11 juin, La situation de la grève est devenue grave. Le contremaître Moustéou a été blessé à la nuque d'un coup de pierre au milieu de cinq gendarmes. On a arrêté trois manifestant qui ont ensuite été relâchés sur l'ordre de M. Forné commissaire de police, plein de mansuétude pour les grévistes qui l'accueillent aux cris de : "A bas les gendarmes ! Vive le commissaire !"
A sept heures a eu lieu la publication d'un arrêté du préfet enlevant au maire la direction de la police et interdisant tous les attroupements sur le territoire de a commune de Castelsarrasin. Tout est craindre. E.
L'Express du Midi 27 juillet
La Grève de Castelsarrasin
Nous avons reçu la lettre suivante que nous reproduisons textuellement :
Castelsarrasin, le 23 juillet.
A Monsieur le Rédacteur en Chef du Ralliement.
50, rue de la République, Montauban.
Monsieur le Rédacteur en Chef,
Depuis plusieurs semaines nous sommes habitués à encaisser, sans rien dire, les mensonges et les affirmations tendancieuses de votre correspondant de Castelsarrasin.
Toutefois nous ne pouvons laisser passer, sans protester, l'énormité calomnieuse de votre correspondant sur le compte-rendu de la réunion de mardi 21 juillet et du vote qui fut émis à cette réunion.
Mensonge flagrant que l'affirmation de votre correspondant, lorsqu'il affirme que nous étions 40 à la réunion ; à l'appel nominal, 190 ouvriers et ouvrières répondirent, 195 prirent part au vote et 45 votes nous parvinrent par procuration.
Le vote fut fait au bulletin absolument secret sur les deux questions suivantes : « Etes-vous partisan d'accepter les propositions de la compagnie de rembouchage à 3 fr. 25 ?
En ce cas- vous mettrez 3 fr. 26 sur votre bulletin de vote et si la majorité est manifeste sur ce point de vue, nous reprendrons les pourparlers sur cette base.
Au contraire, si vous êtes partisan du maintient de 3 fr. 50, vous voterez sur votre bulletin 3 fr. 50.
Le dépouillement du scrutin donne comme résultat, premièrement : 174 voix effectives pour 3 fr. 50 ; 45 voix, par procuration, pour 3 fr. 50. Total : 219 voix pour 3 fr. 50 ; 19 voix pour 3 fr. 25 et deux non. Total général : 240 votants se sont prononcés librement et en toute connaissance de cause et sur ces 240 votants, 190 étaient présents. Ce sont les ouvriers travaillant à Montauban ou à Lavit et ailleurs, qui, avisés du vote par convocations spéciales, ont fait parvenir leur vote par procuration ou correspondance.
Nous vous demandons donc, Monsieur le Rédacteur en Chef, de vouloir rectifier cette fausse information et de rappeler au correspondant de Castelsarrasin de votre journal, qu'il a à tenir compte de la vérité et de l'exactitude des faits qui se passent.
Nous ne nous arrêtions pas à ses interprétations du rôle de la C. G. T. dans notre conflit.
Notre syndicat qui par sa fédération nationale et son union départementale adhérente à l'organisation centrale du prolétariat organisé, reste toujours dans cette organisation que nous considérons comme indispensable pour l'émancipation et l'organisation des producteurs.
Au cas où vous ne tiendriez aucun compte sur cette protestation, votée à l'unanimité par l'assemblée des grévistes, nous aviserons, soit directement, soit indirectement par la « loi » à nous faire rendre justice d'affirmations tendancieuses qui nuisent à notre mouvement par leur caractère mensonger.
Recevez,, Monsieur le Rédacteur en Chef, mes salutations distinguées.
Pour et par ordre du syndicat. Le secrétaire RICHARD.
La chambre syndicale de Castelsarrasin n'avait pas besoin de crier et d'injurier pour que nous insérions loyalement sa rectification. La réunion dont a parlé notre correspondant était privée ; dès lors il a dû se contenter des renseignements qui lui ont été transmis et dont il lui était impossible de vérifier l'exactitude. Quant aux autres renseignements qu'il nous a fournis directement, ils n'ont pu soulever jusqu'à ce jour aucun démenti. SAVON