A ranger périodiquement mes archives, pour les élaguer, je viens de revivre la campagne contre le Traité Constitutionnel en reprenant de vieilles "Humanité". J’ai retenu trois Unes à commencer par celle du 30 mai 2005 signifiant la victoire du NON. Sur le coup j’ai pensé : une occasion manquée ! Mais non, la mécanique de la division au sein du camp du NON était en place depuis 2002 et reste en place aujourd'hui !
D’abord l’univers du PCF : le Marchais de la fin, devenu un adversaire de Mitterrand un peu tard, avait laissé la place à Robert Hue qui s’est révélé soutien du PS jusqu’à être à présent membre du groupe de sénateur sous contrôle du PRG ! En 2011 il a encore été élu comme sénateur communiste ! L’échec du PCF de 2002 a porté à la direction de ce parti M-G Buffet qui changea de stratégie : avaler l’extrême-gauche tout en pratiquant l’union avec le PS.
Puis l’univers LCR : La présidentielle de 2002 avait placé Besancenot en tête de la gauche en rupture avec le PS. Il n’avait aucune raison de ne pas préparer la présidentielle de 2007 !
Le soutien du journal le Monde, par la plume de Sylvia Zappi, José Bové. Médiatisé syndicalement, il se voyait en unificateur de la gauche du NON, à mi-chemin entre Besancenot et Buffet.
Le dissident du PS, J-L Mélenchon, bête noire de Sylvia Zappi, qui tout en restant au PS participe sur les tribunes à la campagne du NON. Il a compris que son heure n’aller pas sonner en 2007 et préféra attendre son tour au sein du PS jusqu’en 2009, date plus favorable en lien avec les Européennes.
Une frange des Verts était aussi dans le bateau.
Le NON fut unificateur politiquement mais pas pour l’organisation de la suite. PCF et LCR se mirent d’accord pour continuer des collectifs unitaires qui avaient pour unique fonction de reporter d’un an… la désunion.
Une désunion à cause de « l’égo » de quelques-uns ?
Cette désunion avait tout au contraire des raisons politiques… flattant l’égo de quelques-uns.
Et la première, toujours la même : quels rapports avec le PS ?
Cette désunion ne mettait pas face à face des organisations puisqu’au sein même des organisations il y avait une division qui n’a pas cessé.
Quand finalement Mélenchon quitte le PS pour créer le Parti de Gauche et le mal nommé Front de Gauche (il faudrait dire Cartel des Gauches) il pense pouvoir affaiblir le PS et relancer une dynamique capable d’arrêter le FN. L’échec est total puisqu’en 2012, au premier tour il ne devance pas le FN et qu’au second tour il appelle à sauver… « le capitaine de pédalo » et en 2014 l’échec du PS bénéficie… au FN !
J’ai ajouté deux Unes de l’Huma de l’époque. Trois jours après la victoire du NON les cheminots se mettent en grève et voici 9 ans, Tony Blair devient le président de l’Union européenne au moment où les frères Amokrane de Toulouse lancent un duo. En fait la séparation amicale au sein du groupe Les Motivés est symbolique de cette désunion politique (moins amicale). En 2001, aux municipales à Toulouse, la liste Les Motivé-e-s qui a fortement bénéficié de la médiatisation du groupe musical et a obtenu un score à deux chiffres puis en 2007, dès le premier tour, une des vedettes du groupe est sur la liste PS qui l’a emporté de justesse. En 2013 le groupe se reconstitue, sort d’ailleurs un nouveau disque en 2014, année où le PS perd à Toulouse, le soutien de Salah Amokrane à une liste n’ayant rien donné de visible.
En 2005 une occasion n’a pas été manquée et depuis la même mécanique est en place avec une double répétition : celle de l’union avec le PS (et les sénatoriales vont en être une démonstration brillante) et celle des tentatives sans lendemain pour créer autre chose (l’échec du NPA en est une démonstration brillante).
Comment échapper à cette mécanique ? Peut-être que la Fondation Copernic proposera un jour un grand débat sur le sujet avec des outils à mettre en place ? Je cite avec humour cette honorable institution car entre 2003 et 2008 Yves Salesse s’est défoncé pour tenter d’occuper les premières places. J’ai eu l’occasion de l’interroger deux fois en réunion publique et je comprends seulement aujourd’hui ses réponses : énarque devenu depuis membre du Conseil d’Etat, il n’a pas parcouru le pays pour dialoguer mais pour étaler sa science. Je n’ai rien contre les énarques et même je n’ai rien contre personne, je constate seulement. JPD