M. Jean CAVAGNA, son époux ; M. Bernard CAVAGNA, son fils ; Mme et M. Sylvie et Daniel PRUNIÈRES, sa fille et son gendre ; Claire, Lise et Laura, ses petites-filles, parents et amis ont la douleur de vous faire part du décès de :
Madame Yvette CAVAGNA Née POUMARÈDES survenu à l'âge de 83 ans.
La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 17 décembre 2013, à 15 heures, en l' église de Notre-Dame-de-la-paix. Remerciements par le prêtre. Condoléances sur registre à l'église.
Le présent avis tient lieu de faire-part.
Aujourd'hui, j'étais à me débarrasser de la colle du lino que j'ai enlevé (à la meuleuse avec des disques de 40 c'est nettement mieux que ceux de 80), et je ne voulais pas me détourner de cette tâche à finir, avec le soleil. Je ne suis donc pas allé à l'enterrement de la Pitoune mais à présent, 21 h 23, j'ai une pensée pour elle, son mari et sa famille.
Dans mon livre sur l'Ecole normale j'ai un mot pour le sympathique couple de concierge qui veillait à tout et qui était surnommé le Pitou et donc la Pitoune pour sa femme. Sans doute un surnom venant du fond des âges, comme celui de Péquin.
J'étais en première année d'EN et il fallait un délégué au Conseil d'administration. C'est tombé sur moi. A la première réunion, il y avait à l'ordre du jour un débat sur l'utilité des classes pré-bac. Logiquement, depuis 1945 ces classes auraient dû rester au lycée mais l'Ecole Normale c'était un pensionnat, un univers à part, une fabrique d'instits dès la classe de seconde. L'EN ne recrutera après le bac que bien des années après 1969 mais cette année là l'idée était dans les têtes des autorités. Personne n'est intervenu après l'exposé de l'Inspecteur d'académie mais j'ai levé le doigt pour dire en substance : "Supprimer les classes pré-bac, pourquoi pas, mais comment assurer à des enfants entrant en seconde la gratuité de l'enseignement dont bénéficient les Normaliens ?"
Ensuite, dans les couloirs, Le Pitou m'a félicité et c'était comme une complicité entre nous. Au Conseil d'administration, il était délégué du personnel non enseignant pour la CGT.
Par la suite j'ai eu le plaisir de croiser leur fille secrétaire de mairie à Bruniquel.
Je garde un grand souvenir de cette famille mais n'ayant pas l'art d'écrire j'ai le plaisir de répercuter le court texte ci-dessous qui parle d'une époque antérieure mais qui parle de toutes les époques. Un grand merci à son auteur : Claude Sicard. J-P Damaggio
Quelques lignes en mémoire de Mme Cavagna :
J'appartiens à la promotion 51 - 55 de l'Ecole Normale. Pendant notre année de pékinat, nous avons connu, dans ses fonctions de concierge, un petit monsieur toujours vêtu de noir - noir comme le charbon que nous devions charrier dans la cave, à intervalles réguliers, pour alimenter la chaudière. A la rentrée 1952, changement radical : dans le pavillon d'entrée, repeint et comme magiquement éclairé, un tout jeune ménage s'était installé, encore illuminé des joies d'un mariage tout proche... Très vite, nous avons apprécié la disponibilité souriante et attentive de Madame Cavagna, "notre" pitoune. On rencontrait son mari un peu partout dans la grande maison où il était, comme on dit, l'homme à tout faire. Mais elle veillait, dans l'exiguïté de sa loge impeccable de netteté, auprès du téléphone et des casiers où elle distribuait le courrier : chacun passait voir si, d'aventure, quelque pli ne lui était pas destiné. Même ceux qui ne recevaient jamais rien, parce qu'ils rentraient chez eux en petite sortie tous les dimanches, aimaient à faire une courte halte en ce local accueillant. Par la porte entrebâillée du minuscule logement contigu nous parvenaient parfois d'alléchantes odeurs de cuisine, dominées bientôt par les gazouillis d'un bébé : petite cellule familiale, à l'abri des rigueurs (très relatives !) de notre internat et de nos études...
Oui, je crois pouvoir le dire : c'est en mère de famille que Mme Cavagna a conçu son rôle. J'admire comment, avec un tact inné, elle connaissait chacun de ses pensionnaires, et comment elle trouvait ces mots simples qui tissent les liens durables... A la retraite, elle s'est installée dans un modeste appartement, pas très éloigné de mon quartier. Presque chaque semaine, j'ai eu le plaisir de la voir passer, petite silhouette fragile mais déterminée, au guidon de son vélo sans lequel, me disait-elle, elle se serait sentie prisonnière. Quand elle s'arrêtait, j'étais frappé par la fidélité de sa mémoire. Si, avec une affection inquiète ou rayonnante, elle me parlait de ses enfants et de ses petits-enfants, elle ne manquait jamais de s'enquérir du devenir de tous ceux qu'elle avait connus. Je suis sûr qu'inconsciemment elle ne doutait pas de la chaleur de notre reconnaissance.
C'est avec gratitude que nous pensons à elle, notre chère pitoune au grand cœur et au courage exemplaire.
Claude Sicard