L’école en question. Débat du 7 Juin 2013.
Parler ou écrire sur l’école publique républicaine est très difficile. Difficile parce que, justement, république et services publics sont profondément en crise. Notre société traverse de profondes mutations : manque de lisibilité (Nation, Europe, monde), sortie de l’état omnipotent, présent tendu par une angoisse prégnante du futur. Ces mutations, notre école, forcément, les subit frontalement. Éduquer, instruire, intégrer des jeunes gens dans une nation en désintégration dans le pire des cas, en recomposition dans le meilleur des cas, relève d’une mission pratiquement impossible. Programmes démentiels moins basés sur le capital culturel que cognitif, temps d’enseignement fractionnés, raccourcis, racornis, difficultés à faire partager un espace et un temps disputés par un faux égalitarisme et par trop d’individualismes, refus de l’effort, de l’autorité morale et intellectuelle des enseignants, gouvernances multiples entre partenaires, parents, enfants, enseignants, associations, organismes divers rendent le terrain confus, mouvant pour une refondation digne de ce nom et idéal pour noyer le poisson. Le temps long, (nécessaire à nos missions) un individu, les nations se construisant sur la durée, est battu en brèche par l’immédiateté et rendent la transmission de l’héritage culturel (forcément passéiste) et bien que l’on fasse semblant, en haut lieu, de penser le contraire, totalement obsolète. Toutefois, les décisions prises par la rue de Grenelle ou Bruxelles sont d’avantage les signes d’un accompagnement d’une désintégration des états nations que d’une refondation, plus crûment dit de l’accompagnement d’une tiers mondialisation de nos sociétés en termes de salaires, de conditions de travail et de cadre de vie.
Pour moi, tant que l’on ne remettra pas les enseignants au centre du dispositif, il sera clairement signifié aux enseignants et aux citoyens que les pouvoirs législatifs et exécutifs n’ont, en l’état, aucun contrat social d’intérêt général à proposer à celles et ceux qui partagent un même territoire, un même espace économique. Bref, le fait que l’on nous demande de plus en plus ouvertement de faire faire avancer, sans voilure, ni carburant le vaisseau fantôme de l’état pose très clairement le problème de la légitimité des pouvoirs, de tous les pouvoirs dans son cadre démocratique.
Et pourtant parce que, une fois encore, des modèles, des pratiques économiques proches de la prédation voire du grand gangstérisme, des pensées inconciliables, des courants contradictoires, violents traversent et irriguent nos sociétés, l’idée d’une nation ouverte ou fermée, qu’elle soit supranationale ou limitée sur notre territoire, redevient d’une brûlante actualité ; l’idée, sans nostalgie béate, de néo-hussards également.
Dans l’attente, les instituteurs ne sont plus les hussards noirs de la république chers à Péguy, plus même les « grooms » de l’ascenseur social, à peine devenus des techniciens en surface, des accompagnateurs passifs de toutes ces crises qui nous explosent au visage les unes après les autres !
Jean- Pierre Frutos.
Le dimanche 2 juin, une activité pédagogique hors temps scolaire :
Visiter le centre historique d’une ville, un dimanche matin : parents, enfants, enseignant, prendre le temps, simplement de descendre le temps d’une cité jusqu’à ses origines. Expliquer à travers l’architecture l’héritage évènementiel, social, de celles et ceux qui arpentèrent les mêmes rues des siècles auparavant avec le souci de d’enraciner le contemporain dans le passé d’une cité, qu’on le veuille ou non, partagée et puis… donner la parole à deux pré-adolescents afin qu’ils présentent deux monuments (le pont vieux, l’église Saint Jacques) aux adultes visiteurs et se laisser enfin envahir par le plaisir de la découverte des murs anciens ; ces murs chargés d’histoire et de multitudes d’histoires croisées, stratifiées.
Dimanche 2 Juin, au matin, l’association des parents d’élèves de l’école Léo Ferré avec leurs enfants, en compagnie de Jean-Pierre Frutos (instituteur) tentait au travers d’une visite guidée du Montauban de trouver et donner du sens à notre présent, de prendre pied dans le passé pour une citoyenneté toujours à renouveler.