Dans un article Thorez à Nice j’ai mentionné une réaction à l’action d’Alfred Daumas. André Larralde attentif à mon information est allé voir plus loin et m’envoie cet article que je répercute car les mentions de ce catholicisme de gauche sont rares. JPD
DAUMAS Alfred
Cannes, 5 août 1910 - Nice, 3 mai 1997)
Auteur : Ralph SCHOR
Issu d'une famille provençale, laïque et républicaine, Alfred Daumas fait ses études dans les établissements publics de Grasse. Il est marqué par les exemples et les écrits de Jean Jaurès, Charles Péguy, François Coppée. Malgré les réserves de ses parents, il entre au Grand Séminaire de Nice où il se révèle brillant et anticonformiste. Ordonné prêtre par Mgr Rémond le 15 octobre 1933, il est nommé aumônier au collège Sasserno. Le 20 juin 1936, en compagnie de Virgile Barel et de Maurice Thorez, il prend la parole au cours d'un grand meeting organisé par le Parti communiste au Palais des Fêtes de Nice. Il approuve les objectifs sociaux du Front Populaire qui convergent avec l'action de l'Eglise au service des humbles. Il ajoute : « Maurice Thorez tend la main aux catholiques ? Pourquoi ne l'accepterais-je pas ? Je suis le disciple de celui qui, le premier, l'a tendue et nous demande de la tendre depuis vingt siècles ». L'abbé Daumas, acclamé par les communistes, est vilipendé par la droite. Aussi Mgr Rémond l'envoie-t-il à Lille où il prépare un doctorat en sciences sociales et politiques. De retour à Nice, l'abbé Daumas est nommé aumônier de la CFTC et missionnaire du travail
En 1939, l'abbé Daumas est mobilisé dans la région de Breil. Après l'armistice, il reprend ses activités et, orateur doué, entreprend une sorte de résistance par la prédication : il dénonce, en termes à peine voilés, les nouveaux maîtres et les totalitarismes ; il exalte la puissance libératrice du christianisme ; en 1942, il félicite ceux qui continuent la lutte. Lui-même participe à la Résistance active depuis le début de 1941. D'abord agent de liaison du mouvement Franc-Tireur, il appartient ensuite au service André, affilié à Combat, qui, sous les ordres de Joseph Bass, se voue au sauvetage des juifs. Arrêté le 11 novembre 1943 par la Gestapo, il est libéré faute de preuves et il peut avertir Bass de ne pas revenir à Nice. L'abbé Daumas, désormais obligé à la prudence, adhère cependant au Front National dont il devient président départemental. A la Libération, il est vice-président du CDL et il emploie son crédit à modérer les excès de l'épuration. Il publie l'hebdomadaire l'Avenir et il est candidat malheureux aux élections législatives d'octobre 1945
L'abbé Daumas reprend alors ses fonctions sacerdotales et est notamment aumônier diocésain de l'Action catholique générale des hommes. En 1959, à la demande de Mgr Rémond qui a grande confiance en lui, il réorganise la confrérie des Pénitents blancs et, en récompense, est nommé vicaire général honoraire, puis prélat d'honneur (1960). Il est ensuite directeur diocésain de l'Action sociale et d'assistance. Il prépare les 53e Semaines sociales qui se tiennent à Nice en 1966. En 1967, Paul VI le nomme protonotaire apostolique. En 1978, il devient délégué épiscopal à l'Action culturelle
Ami de René Cassin, Mgr Daumas fonde l'Association pour la fidélité à la pensée de René Cassin qui favorise le transfert des restes du Prix Nobel de la Paix au Panthéon. Commandeur de la Légion d'Honneur et titulaire de nombreuses autres décorations prestigieuses, détenteur de la médaille des Justes à titre posthume, Mgr Daumas, homme de conviction, chaleureux, sensible, cultivé, orateur éminent, défenseur intransigeant de la liberté, garde un grand prestige jusqu'à sa mort, mais pâtit de l'hostilité de ceux qui ne lui pardonnent pas les engagements pris depuis 1936.
Bibliographie :
Tarico Alain, L’Abbé Alfred Daumas : un prêtre dans la mêlée de son temps (1936-1945), Mémoire de maîtrise, Université de Nice, 1986.