Paul Walder dans Punto Final fait un point sur la campagne électorale en pointant l'écart entre les positions de la classe politique et celles des citoyens si l'on en croit un sondage récent. En effet 74% sont favorables à une université gratuite, 63% à une dépénalisation de l'avortement, 45% à une Assemblée constituante, 40% à la légalisation du cannabis et surtout 83% sont favorables à ka nationalisation des entreprises extrayant le cuivre !
Deux des points ont fait l'objet de promesses : l'université et la constituante, mais pour le reste aucune des deux grandes candidates n'a rien avancé de neuf. L'originalité cependant c'est qu'il n'y a plus qu'une grande candidate, la droite subissant une défaite historique.
La télévision a donné la parole aux 9 candidats et 8 se prononcent pour sortir du modèle néolibéral, un discours politique peu courant sur le petit écran. Si le pays a le meilleur PIB d'Amérique latine, les inégalités n'en ont pas été réduites d'où les divers vents de protestations qui occupent la rue.
Est-ce que Bachelet, qui sera élue comme jamais aucun président du pays que l'a été, forte du consensus autour d'elle, réussira à inverser la tendance néolibérale ? Le point sur lequel elle devra faire la différence, c'est la réforme universitaire réclamée avec force par les étudiants depuis des années et qui doit passer d'une éducation sous contrôle du marché à une éducation sous contrôle social. Tous les pays d'Amérique latine vivent une crise éducative majeure et le nouveau gouvernement mexicain a tenté lui aussi de commencer par une réforme dans ce secteur sans convaincre la société et beaucoup d'enseignants (malgré le soutien du syndicat) du bien fondé de la loi nouvelle. Pour une réforme de fond il faut une nouvelle politique fiscale dont Bachelet annonce qu'elle ne concernera pas les bénéfices mais le capital lui-même des entreprises.
La nouvelle constitution devrait se fonder sur des valeurs comme la liberté, l'égalité, la solidarité, avec un système démocratique reconnaissant le pluralisme de la société.
La question c'est qu'il ne s'agissait pas seulement de défaire le système Pinochet mais tout autant le système qui a suivi et qui a été mis en place aussi par la présidente.... Bachelet en particulier s aloi sur l'éducation (LEGE) qui a sa part de responsabilité dans le délitement de l'université.
Qui finance les campagnes électorales ?
Partout la question fondamentale reste la même : qui finance ? Et partout c'est la même réaction : le secret ! Le Chili n'échappe pas à ce constat. La Fondation Ciudadano Inteligente a essayé de creuser la question. Elle a eu des données sur les primaires qui sont obligatoires au Chili et le résultat est simple : la plupart des finances vient des entreprises mais pas des plus grandes. Ceci étant sans grande garantie de sérieux. Quand Bachelet prêtant avoir dépensé pour les primaires 215 millions de pesos rien n'est vérifiable.
Comme souvent aussi la loi est venu réglementer le financement des campagnes électorales : la Loi 19.884: signé en 2003 par Ricardo Lagos. Première condition : personne ne peut verser plus de 23 millions de pesos à un candidat. Pas plus de 20% des dépenses ne peuvent provenir de soutiens anonymes. Il y a un service qui sert d'intermédiaire : une personne reçoit un certificat de donation pour un candidat et le Servel fait l'intermédiaire pour que la somme arrive à destination. Et le reste ? Le financement public. Comme en France une somme est donnée pour chaque voix obtenue mais je ne sais pas si c'est les législatives ou la présidentielle qui sert de référence.
De toute façon cette somme est faible pout les partis majoritaires et tous les observateurs savent que des députés sont achetés suivant les lois à faire passer. La dernière en date est une loi de télévision totalement favorables aux propriétaires.
En 2009-2010 les dépenses se montèrent à 33 milliards de pesos soit 10% de plus que les élections équivalentes précédentes. 57% furent des apports privés et 16% de l'Etat et le reste provient de crédits privés ou d'apports des candidats eux-mêmes. Pour 2013 qu'en sera-t-il ?
Jean-Paul Damaggio