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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 21:58

castel-1851.JPG

La salle de la Médiathèque était comble (70 personnes) pour découvrir les événements de 1851 à Castelsarrasin. En guise de compte-rendu, je ne vais pas revenir sur les éléments déjà donnés par ailleurs (ceux qui veulent en savoir plus peuvent se reporter au site www.1851.fr/) mais sur un seul point du débat : qu’est ce que la politique ?

J’ai rappelé le rôle des cordonniers et quelqu’un a fait observer que ce rôle tenait à leur fonction : ils chaussaient toute la société. Comme les tailleurs habillaient toute la société. Ils étaient bien placés  pour saisir les différences dans les statuts sociaux. Et quand on ajoute que leur boutique était un lieu de parole…

La Seconde république a été une invention de la politique cassée net par le coup d’Etat car elle a permis aux citoyens de sortir de deux types de révoltes : les révoltes thématiques (contre le recensement par exemple) et les révoltes catégorielles. La politique a été placée sous les auspices du droit et à partir de là des regroupements interclassistes se sont produits. Ceux qui furent montrés du doigt de manière la plus féroce furent les « traîtres » à leur classe sociale ! C’est à l’émission avec Michel Cardoze que la question est aussi venue : mais il y avait des riches parmi les insurgés ? Ils ne furent pas parmi les plus « excités » mais furent tout autant frappés ! Le combat pour la république démocratique et sociale n’était pas compris comme le combat des pauvres contre les riches mais le combat pour des droits égaux, ces droits n’étant pas synonymes d’égalitarisme. L’école gratuite et obligatoire pour tous n’est pas une revendication pour les pauvres contre les riches. Sinon il faudrait faire payer l’école aux riches pour le bénéfice des pauvres. D’ailleurs quand elle sera instaurée, même gratuite l’école coûta cher à une partie de la société qui faisait travailler les enfants !

S’agissait-il par la république de pacifier les rapports entre fractions de la bourgeoisie ? Je veux dire entre une fraction plus portée sur le droit (les avocats) et une autre plus portée sur l’industrie (qui avait besoin d’ouvriers sans droits) ? Il est frappant de constater qu’à l’époque la faculté de droit était une pépinière de militants de gauche et qu’elle est devenue, le lieu le plus classique de la droite voire de l’extrême-droite.

La république n’a jamais été un tout mais au contraire un affrontement ouvert entre courants et c’est ce qu’a montré la Seconde république qui a eu l’audace de porter atteinte au suffrage universel… que le coup d’Etat a rétabli ! Entre la Sociale et la République modérée il y a toujours eu un affrontement qui s’est transformé en affrontement d’alliances ! C’est là que le peuple artisan pouvait apporter son savoir et établir un lien entre la fraction démocrate de la bourgeoisie et la fraction démocrate du peuple. Le coup d’Etat en révélant le courage de bourgeois qui s’élèvent pour le droit ne peut masquer qu’au sein du peuple il s’en est toujours trouvé beaucoup pour eux aussi « trahir » leur classe ! C’est le peuple qui massivement a élu en décembre 1848 Louis Napoléon Bonaparte et ce dernier savait qu’il garderait leur soutien. Souvent, ce phénomène entraîne des discours « d’excuses » : il s’agit de gens du peuple qui sont trompés ! Un discours souvent méprisant envers le peuple qui serait incapable de se tromper lui-même !

En fait, la politique débute au moment où des groupes d’individus décident de s’abstraire de leur propre condition pour penser la société dans son ensemble. Cet effort suppose informations, confrontations et droit de décision. Dans cet univers la liberté de la presse n’est pas une liberté parmi d’autres. Elle est l’armature de toutes les autres. Dans cet univers il appartient à chacun de payer de sa personne plutôt que de se laisser conduire sagement par la main. Je me méfie beaucoup des discours sur la grandeur de l’enfance, cette enfance que nous avons en nous et qu’il ne faut pas gâcher. L’enfance est une belle histoire, de laquelle il faut se libérer avec impatience !

A Castelsarrasin comme ailleurs les insurgés ont compris dès le 3 décembre qu’on voulait les ramener en enfance. Voici la déclaration que l’adjoint au maire signa en réponse au sous-préfet qui lui avait demandé d’afficher la proclamation du coup d’Etat :

« Vous m’avez chargé de faire afficher dans la ville de Castelsarrasin votre proclamation aux habitants de l’arrondissement

Vous désirez le maintien du bon ordre : nous nous associons tous à cette idée mais nous voulons également le triomphe de la république démocratique et votre proclamation se tait sur ce point important de notre existence politique. Il conviendrait d’ajouter à votre proclamation la partie que je viens de signaler. Si vous croyez ne pas déférer à ce vœu je ne crains pas à mon tour d’avoir à la faire afficher. Je vous renvoie les exemplaires pour faire la rectification si vous le jugez convenable. J’ai l’honneur d’être, Monsieur le sous-préfet votre dévoué serviteur. Bordes »

Ce texte a été rédigé par Pierre Flamens et c’est la pièce à conviction qui l’envoya en exil…

Parfois les mots pèsent lourd.

Je me permets ici  d’élargie la réflexion : toute révolution s’appuie sur une constitution d’alliance. Lénine pensa qu’il fallait allier les « éclaireurs » (l’avant-garde) et le peuple. Jaurès pensait qu’il fallait allier les luttes sociales et la république. Les temps présents nous incitent à quelles alliances ?

Un grand merci aux organisateurs de la réunion et aux participants.

20-01-2011 Jean-Paul Damaggio

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