Après l’élection de Michel Montet à la mairie de Bruniquel en 1995, Frank T’Hézan cherchait un lieu pour une série de spectacles Offenbach. Par exemple, il avait demandé à Puycelsi mais sans succès. Il faut dire que l’idée paraissait peu « porteuse » : ne jouer qu’Offenbach, plusieurs jours de suite et plusieurs années de suite…
Mais entre le maire et l’artiste le courant et contre toute attente, sur les hauteurs du village, l’auteur d’opéra comique est devenu un bien commun.
Contre toute attente car Bruniquel était beaucoup plus destiné aux fêtes et animations médiévales qui font la loi sous les châteaux.
Il fallait aménager l’endroit, trouver les gradins, penser aux parkings (qui manquent d’éclairage) et surtout attirer le public.
Le courant est passé entre l’artiste et le maire car les deux hommes sont reliés par un fil peu ordinaire : faire participer les citoyens. C’est ainsi que dès le premier spectacle des enfants, et des habitants ont pu incorporer la troupe ; le maire s’étant retrouvé à animer une équipe technique. Non pour la forme, mais dans les faits. Et au final, un repas convivial, un peu tard pour ceux qui viennent de loin, mais réjouissant pour beaucoup.
Cette année, la pièce jouée, La Belle Hélène, est un des grands succès d’Offenbach. Jean-Christophe Keck, le chef d’orchestre en personne, car à Bruniquel tout le monde s’active pour faire de la bonne pédagogie, a expliqué pendant un changement de décor comment la femme d’Offenbach a fait privilégier un titre plus porteur « La Belle Hélène » à un autre plus bateau « La guerre de Troie».
Et le spectacle, comme chaque année, est un sommet de la gaieté, de la bonne humeur, et de l’art avec douze musiciens, autant d’acteurs, beaucoup de figurants (le mot est faible) et l’ingéniosité en matière de décor avec un bateau immense arrivant à la fin pour emporter à Troie « La Belle Hélène », René Tabarly étant à la création et aux commandes de l’engin.
Et les voix bien sûr, les voix ! Le public n’est pas un public d’habitués : la plupart des 500 présents en moyenne, pour 9 représentations (4500 spectateurs c’est pas mal !) , ne croisent l’opéra qu’à Bruniquel mais l’ensemble, voix, décor, intrigue, acteurs divers, chorégraphie, bref, tout un environnement ouvre la culture à tous. Offenbach n’est pas démodé !
Je fais moi-même partie de ce public qui part à la découverte. Je n’ai jamais eu à le regretter. L’an dernier, à un moment, une averse s’est mise à tomber, le spectacle s’est interrompu, mais le public n’a pas bougé ; les organisateurs toujours aux petits soins ont distribué des sacs poubelles en guise d’abri pour ceux sans parapluie. Après l’averse passée, les acteurs, émus par cette réaction, ont repris leur « fête » de plus belle.
Cette expérience démontre parfaitement que croire en la culture c’est toujours un très beau pari. Pour tout savoir sur les spectacles, la troupe etc. rien de mieux que d’aller sur :
Il reste encore des représentations les 3, 4, 5, 6, et 7 août. Le 9 août, gratuitement, sur la Place nationale de Montauban à 21 h (ou le lendemain s’il pleut) il sera possible de découvrir des extraits du travail de la Compagnie de la Tour Brunehaut.
2-08-2011 Jean-Paul Damaggio