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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 14:37

 

Introduction au débat du 25 mars

Comme tout écrivain, Olympe n’appartient à personne. Elle a été cité au fil des ans dans sa ville natale, mais depuis les années 90, dans la foulée du Bicentenaire de la Révolution française et donc le bicentenaire de sa mort en 1793, deux efforts ont mise plus en lumière : l’un par Félix-Marcel Castan en compagnie de Betty Daël, et l’autre par la municipalité de Montauban depuis 2001. Félix-Marcel Castan fut un membre du PCF toute sa vie, et la municipalité actuelle est UMP.

Plutôt que d’opposer les uns aux autres, dans ce contexte, les Editions La Brochure ont tenu à donner à lire, avec introduction et commentaires, les deux premiers écrits politiques d’Olympe (ils sont aussi dans les œuvres politiques d’Olympe publiées par les Editions côté-femmes) alors que son auteur, souvent, est connu uniquement par sa fin politique sur l’échafaud. Ils datent de 1788 deux ans après la première publication d’une de ses pièces de théâtre : l’esclavage des noirs.

 

Bien que circonstanciels, ces deux textes de 1788 serviront de référence à Olympe tout au long de sa vie politique qui la conduira à écrire des centaines de pages.

Juste avant le 14 juillet 1789 elle indique par exemple dans son discours aux aveugles :

« Ma lettre au peuple fut mon premier essai, et devint dans le temps un coup de maître ; elle calma les têtes ; elle remplit les cœurs des Français de l’amour et du respect qu’ils ont toujours eu pour le prince, tous les citoyens la citèrent bientôt. Ce n’est pas sans doute, mes connaissances étendues et mon art d’écrire qu’on remarque ; mais le simple patriotisme qui fait seul le mérite de cet écrit.

Les Remarques patriotiques, à qui je donnai de la publicité, n’eurent pas moins de succès ; mais le Bonheur primitif de l’Homme, qui suivit de très près cette seconde production, m’attira unelégion de critiques. L’envie s’est attachée à mon personnel comme la sangsue à la peau des humains. Composer un sujet philosophique qu’il n’appartient qu’aux sages et aux philosophes de traiter, cette entreprise m’a exposée à la critique la plus amère ; quelle que soit cette critique, quelle que soit la faiblesse de mon sexe, on ne saurait disconvenir qu’on trouva dans le Bonheur primitif de l’Homme des grandes vérités qui ne se réalisent que trop peut-être pour le malheur de la France. »

 

Pour faire court, je pense qu’Olympe fut modérée sur le fond, révolutionnaire sur la forme. Modérée car elle refuse les extrêmes qui poussent à la très triste guerre civile d’où sa référence permanente au patriotisme qui seule peut dans son idée faire passer l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers ou de faction. Révolutionnaire car c’est une femme qui parle publiquement de politique et qui de ce fait casse un des tabous les plus forts des sociétés, avec le tabou religieux qui laisse également les femmes à la marge de l’humanité.

 

C’est seulement avec le discours aux aveugles que je viens de mentionner qu’elle affiche son nom d’auteur. Auparavant, ses publications sont anonymes mais elles affichent clairement leur origine féminine. La femme en politique a été admise en tant que conseillère dans l’ombre de l’homme, le cas de la reine à côté du roi, ou de Mme Rolland qui anime des salons où se préparent les décisions politiques des hommes. Olympe provoque une triple révolution : une femme parle, elle s’adresse au peuple, et elle fait des propositions concrètes en croisant les styles.

 

Pourquoi modérée dans le contenu ? On peut penser que dès sa première pièce sur l’esclavage des noirs, elle fait de la politique, et elle en subira les conséquences. Mais ce sont ses adversaires qui par leurs réactions feront de l’œuvre un pamphlet plus révolutionnaire qu’il n’est. En rousseauiste elle s’inscrit dans la lignée du « bon sauvage » qui fait qu’avec de bons sentiments on va pouvoir œuvrer une fois de plus à la grande réconciliation.

 

L’histoire de la révolution sera donc l’histoire de ses déceptions modérées car les modérés ne seront pas à la hauteur de leur mission. Dès le début elle se place du côté du Tiers-Etat mais en pensant que Noblesse et Clergé se rendront eux-mêmes à ses arguments de bon sens. Comme pour d’autres acteurs de la révolution, les événements lui révèleront la véritable nature de la Noblesse et du Clergé. Jusqu’au Roi qu’elle défend et qui commet l’acte le moins patriotique qui soit : fuir !

 

Finalement, Olympe découvre que par leur modération, ses propositions, par exemple d’impôts sur le luxe, font figure de révolution ! Et quand, en femme politique elle ajoute le songe, à ses propositions concrètes, elle annonce alors des idées qui mettront des décennies avant de se réaliser.

 

Une dernière citation. Le bon français Valère, dit au bon esclave Mirza dans l’esclavage des noirs à propos de sa situation en France :

« Nous sommes libres en apparence, mais nos fers en sont que plus pesants. Depuis plusieurs siècles, les Français gémissent sous le despotisme des ministres et des courtisans. Le pouvoir d’un seul maître est dans les mains de mille tyrans qui foulent son peuple. Ce peuple un jour brisera ses fers, et reprenant tous ses droits écrits dans les lois de la nature, apprendra à ces tyrans ce que peut l’union d’un peuple trop longtemps opprimé, et éclairé par une saine philosophie. »

L’éditeur (les Editions Cocagne) précise que cette phrase est dans l’édition de 1792 mais pas dans celle de 1784. Elle nous semble résumer ce qui sera toujours la position d’Olympe à travers les événements.

25-03-2009 Jean-Paul Damaggio

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