Lire Léon Cladel nouvelliste
Pour introduire Raca son ultime recueil de nouvelles, Léon Cladel indique toute l’attention qu’il porte à ce genre d’écrits :
BON DE COMMANDE Editions La Brochure
« Par ce temps où règnent toutes les folies, on ne glose guère que de documents humains ou surhumains ; en voici quelques-uns simplement historiques. Ils ont été colligés avec soin, au jour le jour, de 1865 à 1887, et les pages suivantes qu’ils me fournirent peu à peu, datent, la plupart, d’une foule d’événements auxquels j’assistai, pendant cette période et souvent malgré moi, dans Paris où se condense excessivement, à mes yeux, la vie de la nation formée pourtant de peuples si divers et confondus sous la dénomination non moins absurde qu'impertinente de Français. Elles émouvront peut-être ceux de mes contemporains qui n’ont pas seulement vécu de soupes et de biftecks durant un quart de siècle, et, si je ne n’abuse, on les citera comme la quintessence de mon oeuvre, ailleurs comme ici, quand je ne serai plus là, car mon cœur y bat tout entier, et, certes, ma plume en a tracé chaque ligne avec moins d’encre que de sang ».
L. Cl.
Toulouse, le premier de l’an qui court,
C’est en référence à ce texte que j’ai décidé de défendre Cladel le nouvelliste. Peut-on en si peu de lignes dire mieux le combat d’une vie ? Et quand j’écris « dire mieux » je fais référence autant au style qu’au contenu (autant au contenu qu’au style si vous préférez).
A) Voici seulement des documents historiques.
B) Voici donc des personnes liées à des événements.
C) Dans Paris où se condense trop la vie de la nation.
D) La quintessence de mon œuvre.
E) Ecrire avec son sang plus qu’avec son encre.
Vous pouvez prendre ces cinq propositions, vous les mélangez dans un chapeau, vous les tirez au sort et quelque soit l’ordre dans lequel vous allez les récupérer vous retrouverez le même Cladel. Ecrire avec son sang, c’est aller au contact de la vie authentique, cette vie qui à Paris oublie trop le reste de la France, et cette vie se capture dans une nouvelle par l’émotion qu’elle procure. Cette émotion pourrait être le point de départ et l’histoire l’arrivée. De toute façon tout Cladel est dans ces lignes. Et le romancier ? Après le poète qu’il fut à l’occasion, le dramaturge aux expériences rares, le romancier, s’il produit un des piliers majeurs de l’œuvre, me semble second pour le lecteur d’aujourd’hui par rapport au nouvelliste, dans le sens où Revanche peut inciter à lire I.N.R.I. alors que je doute de l’inverse. Mais ce point de vue peut être férocement contesté.
15-02-2009 Jean-Paul Damaggio