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Gabrielle Duchêne

Gabrielle Duchêne

Une féministe réfugiée aux limites du Tarn-et-Garonne en 1942

Il faut toute l’ingéniosité du dessinateur pour discerner, sur une minable photo, les traits de Gabrielle Duchêne (dessin par Rosendo Li)

.

Cette femme (1870-1954) fut un monument de la lutte sociale. Quand, à l’âge de 73 ans, fuyant la Gestapo, elle vint se réfugier aux limites du Tarn-et-Garonne de 1943 à 1945, qui, dans le petit village de Milhars (Tam), pouvait se douter de son histoire ? Elle vivait à ce moment-là chez une amie, Claire Geniaux. Quelqu’un de ce secteur a-t il encore des souvenirs ?

L’essentiel de cette chronique est reprise du Maîtron, un dictionnaire biographique du mouvement ouvrier consultable à la BM de Montauban [il n’est plus à disposition]. Native de Paris, Gabrielle Duchêne entra dans la lutte pour les droits politiques et sociaux des femmes avant même 1914 mais l’essentiel de ses « exploits » se produiront entre 1918 et 1939. Pacifiste pendant la première guerre mondiale, elle noua à ce moment là des liens avec les féministes des USA et de Hollande. Dès cette époque elle eut sa fille Suzanne à ses côtés. Son combat pacifiste se doubla d’un combat social en faveur de la revendication classique « à travail égal, salaire égal » qui lui cause ses premiers ennuis avec la police. Rappelons à Jacques Chirac qui se préoccupe de la question que le statut de la fonction publique permet globalement l’application du principe... or tout est fait pour casser ce statut !

A la fin de la guerre Gabrielle Duchêne devint la secrétaire générale de la section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL). Observons ici, qu’aujourd’hui, à l’heure de la dite mondialisation, les organisations deviennent surtout... locales ! Et c’est encore sur le terrain international que cette femme se distingue en soutenant les victimes des famines d'URSS, ce qui la conduira à sympathiser avec l’expérience soviétique.

Pacifiste, internationaliste, féministe, elle était aussi présente là où il fallait dénoncer le colonialisme. Parmi ses centaines d’articles et de rapports, citons celui de juillet 1929 : « La situation sociale politique et économique de la femme dans les domaines coloniaux et semi- coloniaux. »

Présente au congrès d'Amsterdam en 1932, congrès qui esquisse l’unité d’action contre la guerre, elle critique le Manifeste de Barbusse. Présidente du Comite mondial des femmes contre la guerre et le fascisme qui prétendait avoir dix millions de membres (cent mille en France), elle accompagna le PCF dans sa lutte contre le fascisme.

Ces notes, aux allures d’un rapport des Renseignements généraux, devraient être plus vivantes quand on sait que Gabrielle Duchême laissa des archives phénoménales dans une bibliothèque publique de Nanterre, mais qui, malgré de tels outils mis à disposition, a écrit un livre pour raconter sa vie ?

Etrangement, le texte de la biographie du Maitron n’évoque pas son combat pour le suffrage des femmes or des dossiers donnent beaucoup de renseignements sur le travail de l’Alliance Internationale pour le Suffrage des Femmes (encore le mot international !). Elle avait ainsi accumulé des journaux féministes anglais, américains, allemands, autrichiens, égyptiens uruguayens et hindous (60 numéros de la revue seulement entre 1925 et 1932).

Les responsables de la Bibliothèque de Nanterre indiquent : « Il ne faut pas oublier enfin son extraordinaire correspondance (15 dossiers de 1910 à1940), source unique renseignant à la fois sur la vie quotidienne de Gabrielle Duchêne et ses amis, et sur son militantisme avec l’incidence de celui-ci sur son existence et ses relations. Ces lettres mériteraient à coup sûr un classement analytique et une publication exhaustive ».

En fait, depuis la période 1981-1985, plus rien n’a été publié au sujet de cette femme alors qu’il s’agissait, à ce moment-là seulement d’articles. A quand un livre en son honneur ? Sans cet effort, on continuera d’attribuer l’accès au droit de vote des femmes à tel ou tel HOMME politique en négligeant les multiples luttes féministes qui existèrent, souvent sous des formes avant-gardistes. Ainsi va l’histoire ... Jean-Paul Damaggio (Point Gauche ! n°79 mars-avril 2005)

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