Elections européennes : les tromperies de 2009
Après l’analyse de trente ans d’élections européennes (1) comment se présente la nouvelle mouture ?
A l’UMPS
Sarkozy est à la manœuvre. S’il ne peut espérer de miracle, n’étant pas à la tête des sept listes, il ne peut pas faire moins que le PS sous peine de subir quelques discrédits. Donc, côté Front national, il accentue les querelles internes pour que, comme en 1999, dans la guerre avec Mégret, le FN recule jusqu’à perdre définitivement tous ses élus européens, Marine Le Pen étant alors marginalisée. Il en a sept pour le moment dont deux dans le Nord (d’où la bataille entre Marine et Carl) et deux dans le Sud-Est. Il y a aussi celui du grand Sud, J-Cl Martinez que Marine veut remplacer par son bras droit Louis Aliot. Côté Philippe de Villiers, à qui il arriva de jouer de grands rôles dans cette élection (mais seulement 3 sortants avec le mode de scrutin de 2OO4), un marché est proposé : se présenter dans sa seule grande région Ouest et gagner une place, où se présenter partout et subir les coups de l’UMP pouvant le faire descendre sous la barre de 5%.
Pour Sarko, l’essentiel est cependant ailleurs : dans le duo UM-PS. Le coup de génie c’est la liste Cohn-Bendit. Le 6 novembre les deux Nicolas (Sarko-Hulot) firent la longue liste de leurs convergences qui permettent à Jean-Paul Besset, bras politique de Hulot en tant que responsable de sa fondation, d’aider Cohn-Bendit sous la bénédiction de José Bové. Je donne en entier le communiqué de l’Elysée car il me semble génial même si bien sûr il ne dit rien des futures élections ! (2) Voilà au moins une liste qui, faisant autour de 10%, prendra quelques points au PS, et peut-être aussi à Bayrou qui risque fort de prendre sa revanche sur les désastreuses législatives. Avec environ 10%, le Béarnais peut se rappeler à l’attention générale et se positionner pour les futures régionales mais il risque gros, avec 11 sortants du temps de l’UDF, qu’il ne peut perdre même en ayant remplacé le J-M Cavada d’hier par le J-F Kahn d’aujourd’hui. Il a récupéré il est vrai un élu européen des Verts : Jean-Luc Benhamias.
A Gauche
Après ces cinq listes, que dire de la situation du camp du NON de gauche au TCE ? D’une part, il est déjà allégé de Bové et de Fabius, mais là n’est pas l’essentiel. Depuis trois ans, le NON de gauche ayant démontré son incapacité à s’organiser de façon unitaire, il s’est disqualifié aux yeux de l’opinion. Ressortir du chapeau quelque chose qui n’a pas su se donner des suites claires, c’est repasser des plats. Après l’atomisation des présidentielles, il ne suffit pas de faire comme si rien ne s’était passé. Parce que la LCR est l’organisation aux positions les plus claires, et qu’elle a su s’élargir sous la forme du NPA, tout indique qu’elle peut devenir la première organisation à la gauche du PS (avec 8%). Faire croire qu’une unité serait possible de Mélenchon à Besancenot c’est encore une fois raconter des salades aux citoyens qui aimeraient manger des plats plus consistants. Si tout le monde est d’accord avec l’unité, c’est à condition qu’elle se fasse sous le drapeau de l’un ou de l’autre (LCR ou PCF).
L’intervention, dans le débat, d’un nouveau parti (Parti de Gauche) développe la division sous l’inévitable besoin… d’unifier, donc ce parti proclame le « Front de Gauche ». Un peu comme Bové en 2007, Mélenchon se considère bien placé pour articuler LCR et PCF, tout comme Cohn-Bendit a pu articuler Bové et Besset. C’est ne tenir aucun compte des réalités. Le NPA ne va pas naître pour se fondre à la première élection venue avec une nébuleuse qui a montré en 2007 que l’électorat n’en veut pas. Le PCF a ses problèmes internes (aussi cruciaux que ceux du PS) qui existaient déjà en 2004, quand M-G Buffet avait été mise, en interne, en minorité pour les Européennes d’alors, où elle voulait ouvrir les listes. Le PG est un allié évident mais le PCF ne peut ni lui fournir un marche-pied, car ça serait se tirer une balle dans la tête, ni le rejeter. Avec sept listes à construire, deux têtes de liste pourraient être octroyés à Mélenchon. Est-ce suffisant pour ce parti ? Bref, à trois mois du bouclage des listes, la foire d’empoigne va aller bon train. Avec trois sortants le PCF est obligé de garder les têtes de liste du Nord, de l’Ile-de-France et de l’Outre-mer (Vergès classé dans le PCF).
Il est frappant de constater qu’un appel de Politis en faveur de listes unitaires à gauche, s’il concerne le PG (et un allié potentiel comme la tendance Unir de la LCR), ne concerne pas le PCF, sauf une de ses franges que justement M-G Buffet veut écarter de sa direction ! Une division en perspective ? Malgré les difficultés, cette union PCF-PG se fera pour atteindre peut-être 8% et disputer à la LCR la fonction de porte-parole de la gauche authentique. Mais nous sommes loin d’une force politique clairement identifiée et la référence au modèle allemand ne change rien à l’affaire.
Où sont les tromperies ?
Raoul-Marc Jennar avait dès 2005 lancé un appel pour que les élections européennes deviennent l’élection à l’Assemblée constituante d’une nouvelle Europe. Actif à présent avec le NPA, où en est-il de cette revendication ? Cet objectif est de la plus haute importance si l’on veut travailler sur la forme et sur le fond, en même temps (ne pas le faire en même temps c’est se disqualifier). S’il concerne la constitution de notre pays, à l’approche des européennes il concerne encore plus l’Europe. Tout démontre depuis longtemps que l’élection est piégée par avance (je veux dire plus piégée que les autres) avec, qui plus est, des pouvoirs marginaux chez les élus, donc, si on reste dans le même cadre, on s’enfonce dans l’illusion. L’électeur, qui comprend qu’on peut s’amuser aux Européennes plus qu’aux autres élections, décide alors de se jouer de la politique ou de s’abstenir massivement. Je pense qu’il devient impératif de changer l’ordre des priorités : la construction d’une force politique authentique doit se faire avant toute présence aux élections, quitte à laisser un temps les loups se dévorer entre eux.
Mais je rêve encore. 12-12-2008 Jean-Paul Damaggio
Notes :
1) http://la-brochure.over-blog.com/article-24994633.html
(européennes trente ans en trompe l’œil)
2) Communiqué de l’Elysée
Le Président de la République a reçu aujourd’hui, jeudi 6 novembre 2008, M. Nicolas HULOT, Président de la Fondation Nicolas HULOT pour la Nature et l’Homme, accompagné des économistes Alain GRANDJEAN et Jacques WEBER, pour une réunion de travail au Palais de l’Elysée.
Le Chef de l’Etat et Nicolas HULOT partagent le diagnostic que la crise économique actuelle n’est pas qu’une crise financière. Nos difficultés actuelles trouvent également leur origine dans l’épuisement des ressources naturelles de notre planète, notamment du pétrole.
Pour dramatique qu’elle soit, la crise actuelle peut offrir au monde une occasion d’établir les bases d’une croissance véritablement durable, respectueuse des hommes et de la planète. Plus que jamais, il existe une opportunité unique d’organiser collectivement la lutte contre le changement climatique et d’investir dans la transition de nos sociétés vers l’après-pétrole.
Au niveau national, l’engagement de Nicolas SARKOZY en faveur du Grenelle de l'Environnement, rappelé avec force à Vaujours, le 4 novembre dernier, marque la volonté de la France d’être absolument exemplaire dans cette ambition. Le Président de la République et Nicolas HULOT ont convenu d’unir leurs efforts pour mettre le développement durable au cœur de la refondation du système économique et financier, à l’occasion de toutes les réunions internationales prévues dans les semaines et les mois à venir.