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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 11:21

De François Simon à Mélenchon

 

Depuis le congrès d’Epinay le PS n’a jamais cessé de se renforcer sur sa gauche tout en rendant sa politique plus droitière. Il a accueilli en grand nombre des dirigeants et membres du PSU, de la LCR, du PCF et autres. Ce phénomène est habituel et assez général : en vieillissant c’est vers la droite que les dirigeants évoluent. Je pense à une exception : Jaurès.

Cependant, depuis quelques années, des membres du PS le quittent par la porte de gauche. Parmi ces dirigeants du PS, je veux observer deux cas qui riment : Simon et Mélenchon.

Le tête de liste PS des municipales toulousaines de 2001 décide, en 2003, de quitter son parti pour se lancer peu après, avec d’autres, dans la préparation des élections régionales.

En 2007, le sénateur Mélenchon et le député Dolez décident de quitter leur parti pour se lancer aussitôt dans la préparation des élections européennes. D’un cas à l’autre les similitudes ne l’emportent pas.

Régionales face à Européennes

Pour la construction d’une liste régionale, avec le nouveau mode de scrutin de 2004, il fallait x candidats (la moitié étant des candidates). La démarche consista à proposer une liste allant du PCF à la LCR en passant par les Verts et les Motivé-e-s qui avaient émergé aux municipales de 2001. Le point crucial touchait au type d’alliance avec le PS. Réponse : autonomie au premier tour, en proposant une alliance au second tour, position qui fut celle des Verts dans plusieurs régions, et du PCF en Ile-de-France. Partout ailleurs, l’alliance a pu se faire au second tour mais pas en Midi-Pyrénées. Etrange ? La liste avait eu le soutien des Verts et de communistes mis en minorité après un vote des adhérents (beaucoup se souviennent des résultats massivement favorables à l’alliance avec le PS dès le premier tour, dans le département de Marie-Pierre Vieu). Le résultat frôla le 10%. Pour l’alliance, une seule place fut accordée au tête de liste pour qu’il devienne un otage. Ce manque de respect de la démocratie (PCF-PS-PRG), chez certains qui prônent la proportionnelle, est significatif.

Avec les Européennes, le type d’alliance avec le PS est reporté à plus tard et c’est pour ça que Chevènement a aussi quitté le PS pour se lancer dans des Européennes, en 1994. Autre élément masqué : pour toute la région Grand Sud-Ouest il suffit de peu de candidats et Mélenchon peut en cette occasion faire alliance facilement avec le PCF.

De cette situation électorale on peut déduire deux différences : sur le positionnement politique et sur la stratégie d’organisation.

 

Le positionnement politique

François Simon a quitté le PS avec la volonté de faire se rencontrer l’écologie et le social, deux combats que la gauche a trop séparé (voire nié pour l’écologie) quand l’un est lié à l’autre. Aucun combat social n’est possible s’il n’est pas écolo, et aucun combat écolo n’est possible s’il n’inclut pas le social. En conséquence, pas étonnant si l’alliance a pu se faire plus facilement avec des Verts Midi-Pyrénées loin, alors, de la position Cohn-Bendit, qu’avec la gauche plurielle.

Tout commença par une réunion publique dans une arrière-salle de bistro toulousaine, que deux hommes, Jean-Michel Clavel et Jean-Pierre Bataille (à qui je tiens à rendre hommage) osaient animer, pour l’impossible liste aux Régionales devant unir du PCF à la LCR en passant par les Verts. François Simon s’activa comme un simple militant dans la construction d’une organisation qui ne fut jamais simple. Le système électoral imposa un travail au plus près des huit départements de Midi-Pyrénées.

Mélenchon a quitté le PS avec la volonté de renouer avec une histoire bafouée par la gauche officielle, choix honorable mais qui semble plus tourné vers le passé que vers l’avenir. Sans me lancer dans des supputations, que je reproche à d’autres, je pense que l’intelligence de Mélenchon peut le pousser à évoluer mais, globalement, au-delà de la personne, son courant est connu, c’est celui du « plus à gauche », à la place de celui « être autrement à gauche ». Il semble ne tenir aucun compte des expériences passées. Dire on va unir de la LCR au PCF, c’est à présent se moquer du monde : la LCR dotée de 8% dans les sondages n’a pas besoin de Mélenchon pour conduire ce qui lui tient à cœur, une action autonome.

Cette union impossible de toute la gauche du PS, qui a déjà entraîné pas mal de découragements, a des limites connues et expérimentées en 2004 comme à la présidentielle de 2007. Le prétexte du NON de gauche au TCE est déjà très loin. Nous savons qu’il a alimenté la confusion plus que la clarté, faute d’une organisation démocratique capable de le structurer.

 

La stratégie d’organisation

Après les élections régionales en Midi-Pyrénées une association des ami-e-s de cette liste (AMP) s’est constituée sur des bases claires et démocratiques où il est possible d’avoir une double appartenance mais où les votes se font sur la base un homme, une voix. Il s’est agi de construire à partir de la base (sans basisme pour autant). A présent, l’AMP transporte avec elle une expérience étrange. Liste unitaire en 2004, voilà qu’aux municipales de 2008, l’union a été possible seulement avec les citoyens (sous le nom l’Autre liste ! qui a fait 5,8%) tandis que la LCR (5,1%) put obtenir l’appui de divers courants tous soucieux de faire barrage à « François Simon ». Entre les deux dates, les propriétaires actuels de la politique (PCF, PS, Verts, LCR) virent d’un très mauvais œil l’installation durable dans le paysage politique d’une force alternative autonome capable d’allier le combat social et le combat écologiste, avec bien sûr un équilibre interne toujours difficile. En décrétant François Simon, « bête noire », les éléments critiques de chacun des partis ne furent pas les moins hargneux, et Jean-Luc Mélenchon découvrira le même phénomène. Sa lune de miel avec le PCF durera ce que dureront les Européennes (sauf s’il finit par adhérer au PCF).

 

D’autant qu’avec Mélenchon, c’est une stratégie par en haut, avec une alliance de sommet qui se met en place, sans attendre la moindre ORGANISATION du nouveau parti. Et le système se déplace vers les départements où ses amis s’autoproclament dirigeants du nouveau parti quand le plus souvent, aux yeux des électeurs, ils ne représentent rien de nouveau (justement, c’est beaucoup le cas à Toulouse). Décréter tout de suite que le parti s’appellera Parti de Gauche, peut donner l’illusion d’une efficacité, mais ça fait l’impasse sur le débat inévitable qui tourne autour du mot gauche, et qui, sans qualificatif, est pernicieux.

 

La gauche de la gauche championne en impasses

Ici Simon et Mélenchon se retrouvent sur le même bateau face à la gauche de la gauche qui dit plus ou moins, que leur départ ne vise qu’à créer un PS bis, et qu’en conséquence ils sont encore plus dangereux qu’un PS officiel plus facile à combattre. Or, tout comme l’AMP à Toulouse, la création du Parti de Gauche est un parti concurrent du PS. Le parti de Chevènement joua la même carte puis est revenu dans le giron du PS. Le Parti de Gauche va-t-il, comme le PRG, organiser un lobby auprès du PS ? Si tel est le cas, c’est peine perdue. Et les déclarations enflammées de Mélenchon sur le rêve de faire électoralement mieux que le PS m’amuse car je l’ai déjà entendu si souvent !

Je l’écris sans hésiter, au nom du combat démocratique je juge très positif tout ce qui peut affaiblir le PS, mais je crains les impasses possibles qui deviennent deux fois plus décourageantes que l’action de l’adversaire (je pense à la candidature Bové). Première impasse : s’enfermer dans le marketing politique, les médias étant considérés comme le vecteur majeur de la construction d’une nouvelle force politique (Bové-Mélenchon même combat sur ce point). Deuxième impasse : le modèle allemand Die Linke (en 1987 Pierre Juquin a jugé qu’il pouvait quitter le PCF pour fonder un mouvement à l’image des Verts allemands, mouvement que la présidentielle de 1988 devait dynamiser).

Pour le moment, j’essaie de comprendre tout en craignant le pire ! La stratégie « rouge et verte » que je défends depuis 20 ans risque, une fois de plus, de faire les frais de calculs électoraux.

6-12-2008 Jean-Paul Damaggio

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